Tête à tête avec une aurore boréale

En février 2023, nous décidons, ma compagne et nos deux filles, de « profiter un peu du travail de papa » : je vais enchaîner quatre voyages photo entre la région des Alpes de Lyngen et celle des îles Lofoten et j’ai décidé de venir avec mon minibus, depuis la France. Alors quitte à rouler près de 3700 km dans un sens, puis autant dans l’autre, notre petite famille se motive pour réaliser ce périple ensemble, au moins à l’aller. Le plan est donc de conduire plein nord durant cinq longues journées pour ensuite passer une semaine ensemble au creux des Alpes de Lyngen. La route déroule sans difficulté, à deux au volant, c’est quand même plus facile. À mi-parcours, l’étape de Sundsvall permet de changer les pneus neige pour les pneus cloutés, achetés spécialement. En effet, à partir de là, les routes sont couvertes de glace, sans clou, impossible ou presque d’aller plus loin.

Lyngen, home sweet home

Nous voilà enfin au terme du périple. Je suis heureux d’installer ma famille dans la petite maison jaune de Mobakken Gård, que je loue depuis près d’une décennie à Kristin et Pål. Nous apprécions de nous poser enfin, le feu crépite dans le poële du salon. La vie norvégienne peut commencer ! Mais un coup d’oeil à la météo vient effriter, c’est peu dire, mon moral.

Une semaine de tempête !

Alors que ma famille rêvait de neige poudreuse, profonde, la pluie battante s’est invitée presque toute la semaine, sous un vent à décorner les rennes. C’est simple, la station météo de Tromsø n’avait pas enregistrer d’aussi mauvaises conditions depuis près d’un siècle. Alors les grandes balades dans la neige sont raccourcies, mais ce sont surtout les soirées que nous avons passés à cuisiner, regarder des films, plutôt qu’à admirer les aurores boréales. Et pourtant j’avais bien vendu la chose à ma femme et mes filles. Et avec toutes ces années, tout ces voyages photo, presque toujours j’arrive à en voir, alors là, en famille, forcément ça allait le faire…

Et rien.

La fin des vacances arrivent, ma petite famille doit rentrer. Je les conduit à Narvik d’où elles prendront le train jusqu’à Chambéry : un périple de 48h, avec 9 changements, des wagons-couchettes, une sacrée aventure qui me conduira à inciter nos futurs voyageurs à tenter aussi cette expérience plutôt que l’avion.

Quand le miracle arrive un peu tard…

Sur la route de Narvik, déjà le plafond nuageux se lève un peu. En remontant à la maison, seul et forcément attristé de voir ma famille partir, un peu de ciel bleu ici et là. Je rentre, refais du feu, et je m’installe avec une petite bière et une pizza devant la télé. Puis je guigne par la fenêtre (je regarde dehors quoi..) et là je constate que je distingue des étoiles. Je sors sur le perron, le ciel est totalement dégagé, une aurore boréale danse déjà vers l’horizon nord. Vite un message à ma femme, à cette heure, le train est encore tout au nord de la Suède, peut-être qu’en regardant par une fenêtre? Peine perdue, elles sont en plein brouillard, rien à voir.

Frustré par tant de malchance, je me remets devant la télé. Puis petit à petit, je ne peux m’empêcher d’aller jeter un oeil dehors. Mince, l’aurore commence à prendre une sacré ampleur, les conditions ont l’air vraiment très bonnes. Mais je ne suis pas d’humeur à m’équiper pour aller faire des photos, non, ça serai trop injuste de profiter de ce spectacle tout seul. Je rumine, je réfléchi, et enfin, zut, c’est trop bête, j’y vais! Au moins elles pourront, une fois de plus, voir par procuration la magie des aurores.

Après une bonne heure dehors, seul sous un ciel parfois presque totalement éclairé par les aurores, je fini par rentrer au chaud. Après des dizaines de voyages et autant de soirées à photographier ce phénomène, je sais que je viens de voir des aurores très particulières, vraiment intenses, avec beaucoup de rouge, ce qui n’est pas si fréquent. Avec la nature, on ne maîtrise pas tout et la chance reste pour une bonne part un élément important de l’équation.

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