photographier la pleine lune - stage photo en Charente-maritime

Photographier la pleine lune

La pleine lune nous fascine, elle est remplie de magie, de mystère… Quel sujet inspirant ! Vous avez tous fait des photos de pleine lune, souvent par un heureux hasard, mais avez-vous déjà préparé votre photo de pleine lune ? … moins de charme peut-être, mais plus de chance d’avoir une belle image !
Voici quelques conseils et astuces pour votre prochaine photo de pleine lune !

 

1 – Pleine lune + heure bleue : le choix du roi

Il faut bien sûr une soirée peu nuageuse, ça va de soi ! (je prends ici le cas d’un lever de lune, plus facile à réaliser que le coucher de lune)
Première subtilité, si vous attendez la nuit noire pour votre photo, vous aurez du mal à composer avec un premier plan, faute de lumière. Si vous voulez à la fois une belle lune lumineuse dans le ciel ET votre sujet favori bien éclairé, deux solutions s’offrent à vous :
– Soit choisir un premier plan éclairé par une lumière artificielle (lampadaires…),
– Soit, si vous êtes en pleine nature, prendre votre photo au coucher du soleil ou à l’heure bleue, qui vous permettra d’avoir suffisamment de lumière sur le premier plan, et un ciel bleu profond bien plus esthétique qu’un ciel noir.
Et c’est là que ça se corse : où sera la lune à l’heure bleue ?
Si vous avez déjà fait des photos à l’heure bleue – dans ce cas après le coucher du soleil, et avant la nuit noire – vous avez pu constater que sa durée est relativement courte : disons que vous avez une « fenêtre » de 30 minutes environ avec une lumière intéressante. Où sera la lune pendant ces 30 minutes ?
– Si elle se lève trop tôt, au moment de l’heure bleue elle sera trop haute dans le ciel pour vous permettre de composer une photo « sujet + lune » (ou vous devrez tellement élargir votre focale que votre lune sera minuscule dans l’image)
– Si elle se lève trop tard, après l’heure bleue, la nuit sera déjà noire et vous n’aurez que des ombres chinoises.
– Dans l’idéal il faut donc que la lune se lève un peu avant ou pendant l’heure bleue, pour ne pas être trop haute dans le ciel au moment de votre photo.

 

2 – Anticiper le jour J : des outils bien utiles

Fort heureusement, nous avons tous les outils à disposition pour prévoir à l’avance la soirée où les conditions seront réunies.
– Les phases de la lune : commencez par repérer dans le calendrier les jours de pleine lune chaque mois (et un ou deux jours avant / après)
– Les horaires de l’heure bleue : vous trouverez sans problème une application pour votre téléphone qui vous donnera toutes les heures favorables pour la photographie de paysage, dont les horaires de l’heure bleue du matin et du soir. Par exemple « Heure bleue », « Phototime », « Sun surveyor » pour ne citer qu’eux.
– Les horaires du lever de lune : généralement les applications précédentes vous les donneront aussi.
En faisant l’exercice, vous constaterez que d’un jour à l’autre, l’horaire du lever de lune se décale de 40mn à plus d’une heure ! Le voir coïncider avec l’heure bleue n’est donc pas si fréquent !
Par exemple pour la photo suivante réalisée en Chartreuse, je n’avais que deux jours favorables entre août et décembre ! Et comme il y a 700m de dénivelée pour allez sur le spot, mieux valait anticiper pour être sûr de son coup !

la grande arche de Charteuse à la pleine lune

La grande arche, Chartreuse – Photo au 20 mm : la lune est petite dans l’image

3 – Choisir son sujet et préparer sa composition

Là encore, mieux vaut anticiper, en tenant compte d’une particularité de nos optiques photo : plus vous choisissez une focale large, de type grand angle (16 à 24mm), plus la lune sera petite dans votre photo du fait de l’effet d’éloignement dû à la focale. Elle apparaîtra bien plus petite que ce que vous voyez à l’œil nu dans la réalité : c’est le cas par exemple de la photo ci-dessus réalisée au 20 mm.
Pour cette raison, si vous voulez une lune très présente dans votre photo, il vaut mieux privilégier un téléobjectif, entre 100 et 500 mm. Inversement, la lune apparaîtra ainsi d’autant plus grosse que vous utiliserez une longue focale.

session photo de pleine lune en stage photo près de l'île d'Oléron

255 mm – distance au sujet : 600 mètres

Choisir une longue focale a une autre conséquence : vous devrez choisir un sujet éloigné pour composer votre photo. Ici, une bonne connaissance du terrain sera bien utile, ainsi qu’un autre outil essentiel aux photographes de paysage : le site The Photographer’s Ephemeris (TPE), disponible aussi en appli téléphonique payante (d’autres applis téléphones payantes donnent aussi les mêmes informations).
Personnellement, j’utilise TPE, gratuit pour PC et idéal pour une recherche à domicile avant d’aller sur le terrain. Vous devrez en effet là encore réunir deux conditions délicates : trouver un point de vue éloigné sur un sujet intéressant ET que de ce point de vue votre sujet soit sur la trajectoire de la lune à l’heure bleue. Le site TPE vous donne ici deux informations essentielles : l’orientation de la lune minute par minute, et son élévation au dessus de l’horizon. Voilà un exemple d’application concrète pour réaliser la photo ci-dessus, prise au cours d’un stage photo en Charente maritime :

 

photo de lune outil TPE

Exemple d’affichage donné par le site The Photographer’s Ephemeris

 

Dans cet exemple, mon sujet (les deux carrelets) se trouve sur l’épingle grise. Le trait grisé indique l’orientation du lever de lune, à 22h30 pendant l’heure bleue. En me plaçant sur la côte à l’emplacement de l’épingle rouge, j’aligne mon sujet avec la lune. De ce spot, je suis à une distance de 600m de mon sujet, idéale avec un téléobjectif. Reste bien sûr à arriver sur le terrain suffisamment en avance pour affiner son placement et son cadrage !
Ça vous paraît compliqué ? Pas tant que ça à l’usage, venez en stage avec nous et on vous explique tout ça en détail, vous ne pourrez plus vous en passer !

 

4 – De la prise de vue au post-traitement : quelques astuces utiles !

Bien exposer la lune sur votre photo n’est pas toujours n’est pas toujours évident, tout dépend du contraste de luminosité entre la lune et le reste de l’image. Dans le cas le plus simple, quand il fait encore jour ou au coucher du soleil, la lune n’est pas trop lumineuse et vous pourrez bien exposer la lune et l’ensemble de l’image sans souci. Surveillez quand même bien votre histogramme pour ajuster l’exposition et ne pas avoir de mauvaise surprise !

Photo de pleine lune en Chartreuse

Coucher du soleil, 17h30 en janvier, Chartreuse

photo de pleine lune en Aubrac

200mm – coucher du soleil, 17h20 en janvier, plateau de l’Aubrac

En pleine heure bleue par contre, l’affaire est plus délicate : la lune apparaît par contraste très lumineuse par rapport au reste de la scène. Dans ce cas elle sera sur-exposée et apparaîtra comme un halo lumineux… souvent frustrant !
Il existe heureusement une solution, prenons l’exemple de la photo ci-dessous, prise à 22h10 en pleine heure bleue :

photographier la pleine lune - stage photo en Charente-maritime

100 mm – f5 – 0.4 sec – 100 ISO

 

Sur cette photo, mon choix de cadrage repose sur trois éléments : la lune, le filet du carrelet au premier plan, et les deux carrelets au second plan. J’aimais l’idée du filet ouvert vers la lune, prêt à l’attraper, comme un filet à papillons. Pour cela j’ai choisi de centrer le cadrage sur le filet, en laissant juste l’amorce du carrelet pour fermer l’image. Ce « hors-cadre » est compensé par la répétition du sujet amenée par les deux carrelets au second plan, qui viennent compléter la partie hors-champ suggérée (c’est au passage, un principe très utilisé en photo de reportage ou en photo de rue). Enfin, je choisis de déclencher au moment où la lune est à l’aplomb des carrelets, son reflet scintillant sur la mer venant les souligner.
Dans ce choix de composition où le premier et le second plan se complètent, je veux que les deux soient nets. Pas de chance, au 100mm, même en fermant le diaphragme, je n’aurai pas assez de profondeur de champ. Dans ce cas je suis obligé de faire deux photos : une pour le premier plan, et une pour le second plan (sur trépied bien entendu pour qu’elles soient parfaitement alignées).
Sur ces deux photos exposées pour le sujet et le ciel, la lune est bien sûr « cramée », les motifs des cratères sont invisibles. La lune étant un élément important de ma composition, je choisis de refaire une troisième photo pour la lune cette fois (qui sera alors sur fond de ciel noir). Attention au temps de pose pour la photo de lune : comme la lune se déplace relativement à la rotation de la terre, au-delà de quelques secondes de pose la lune sera floue, comme le montre la photo ci-dessous :

pleine lune rousse sur les carrelets stage photo en Charente maritime

260 mm – ISO 400 – f5.6 – 15 secondes

 

lune floue, tutoriel photo de pleine lune

Détail de la lune

 

Reste ensuite à assembler nos 3 photos sur ordinateur. Ici une simple fusion HDR dans Lightroom par exemple ne donnerait pas de bon résultat. Il faut passer par Photoshop (ou un logiciel équivalent qui vous autorise les calques), en deux étapes : j’ouvre d’abord les deux photos du premier et du second plan dans une même fenêtre, et je fusionne le second plan dans l’image faite pour le premier plan. L’image résultante est nette partout, avec la lune cramée. Reste alors à effectuer une seconde fusion pour ramener la lune dans l’image, au moyen d’un autre calque.
Opérations qui demandent un peu de pratique, mais sans lesquelles il n’est pas possible de réaliser ce type d’image à la prise de vue… (notez qu‘il faut pour cela avoir anticipé dès la prise de vue toutes les images nécessaires en postproduction).
Et rassurez-vous, ce genre d’image très « pensée » et préparée en amont n’enlève rien à la poésie de l’instant et au charme de la pleine lune !

… et bien sûr, tout ceci marche aussi très bien avec les couchers de lune !

 

photo de coucher de pleine lune en Birmanie                200 mm – f4 – 1/1600 sec – ISO 2000 – Lever du jour, coucher de lune

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