Magnétique, photo nature prise sur le vif

Photographier les libellules en vol

Les libellules que l’on surnomme Aeschne sont les plus faciles à photographier en plein vol, le photographe Léo Gayola s’est prêté au jeu de ses petits carnivores ailés pour les immortaliser en plein vol lors de leurs chasses journalières !

La famille de libellules que l’on appelle « Aeshnidae » comprenant l’Aeshne bleue, l’Aeshne des joncs, l’Aeshne affine, l’Aeshne mixte et l’Anax empereur sont reconnaissable à leur corps massif prolongé d’un abdomen de couleur jaune, vert ou bleu marbré de noir.

Ces grosses libellules aux couleurs chatoyantes ne passent pas inaperçues lorsqu’on les aperçoit posées au bord d’un étang, d’une mare ou bien volant au dessus de l’eau en quête de petits insectes à se mettre sous la dent.

Ces libellules chassent en vol, elles sont capables d’atteindre une vitesse de 58km/h.

A l’instar de certains faucons chez les oiseaux, ces insectes sont des prédateurs redoutables qui ne laissent que peu de chances à leurs proies.

La technique de chasse de cette grosse libellule est basée sur le vol rapide alterné d’un vol stationnaire de quelques dixièmes de secondes voir parfois de plusieurs secondes.

Pour les observateurs et les photographes les plus chanceux, ce vol stationnaire permet parfois de belles surprises puisqu’un autofocus rapide arrive sans problème à détecter l’insecte en vol permettant ainsi de le figer dans l’espace et le temps, ailes ouvertes, avec en général un beau fond flou.

 

Les périodes d’observations idéales

Durant toute la saison d’été il est possible d’observer et de tenter de photographier ces grosses libellules qui font leur tour au dessus du point d’eau. Cependant il sera plus judicieux de tenter sa chance à la fin de l’été lorsque de nombreux individus sont sortis et chassent sur leurs territoires respectifs.

Il faut savoir que chaque individu possède son territoire et que lorsque deux individus s’entrecroisent ou lorsqu’un individu à le malheur de rentrer sur le territoire d’un de ses congénères, cela tourne systématiquement à la bagarre. C’est en général un beau spectacle pour les yeux quand on arrive à les suivre du regard mais l’objectif, lui, n’arrivera pas à suivre le spectacle et vous n’aurez à ce moment là pas beaucoup de chances de tirer des images.

Le mois d’août est un bon mois pour espérer trouver des individus en grand quantité sur un point d’eau et ainsi multiplier ses chances de réussite pour la photo.

Pour ma part je choisis souvent septembre car les conditions sont idéales et il fait moins chaud. Il m’est arrivé de trouver plusieurs individus sur un même point d’eau en octobre également.

 

Où faire de belles images ?

Les points d’eau non courantes ou très peu courantes sont idéals car c’est là que chassent les Aeschnes et les Anax. Vous n’aurez guère de chances de trouver ces belles libellules au dessus d’une rivière à fort courant même si d’autres espèces d’agrions ou de caléopterix peuvent aussi être intéressantes.

Les Aeschnes ont un comportement assez cyclique ce qui fait que l’on peut souvent anticiper leurs déplacements si on prend le temps de se poser une heure ou deux sur le site pour observer leurs mouvements.

Afin de réussir de belles images il est préférable de choisir un site bien ensoleillé car la vitesse d’obturation qu’il vous faudra utiliser (en général entre 1/1000s et 1/8000s) vous demandera automatiquement une bonne lumière afin d’éviter de monter trop dans les ISO.

Hormis la lumière, l’environnement est aussi important car il vous permettra de vous orienter et de choisir un fond qui peut varier selon l’emplacement que vous aurez choisi.

Pour ma part je vais souvent sur un petit lac à 1200m d’altitude qui est riche en Aeschnidés à la fin de l’été. Le lac est entouré d’une belle forêt de mélèzes et pourtant il est suffisamment ensoleillé pour pouvoir effectuer des réglages corrects grâce à la lumière et éviter le flou de bougé ou le manque de netteté dû à la vitesse ultrarapide de l’insecte.

Mais cet endroit me satisfait pour cet exercice car je peux varier les angles de prise de vue et jouer avec les différents fonds que me propose la forêt et les rives du lac.

 

libellule en plein vol en Clarée

 

Le fait de se lever au dessus de son sujet si l’Aeschne vole bien au dessus de l’eau vous permettra d’obtenir un fond souvent original car les micro vaguelettes du point d’eau s’il y a un peu de vent ou les différents reflets colorés lié à l’environnement vous permettront d’obtenir des bokehs très agréables et assez variés selon votre positionnement.

Lorsque la lumière tombe un peu, on peut jouer avec les ombres obtenues à contre jour grâce à la forêt et le relief. Il faut alors ruser pour se positionner correctement et ainsi arriver à immortaliser la libellule dans la lumière avec un fond ombragé derrière elle.

En sous-exposant légèrement on arrive à obtenir alors un fond noir très esthétique, pourtant ces images sont bien prises en extérieur grâce à la lumière du jour !!

 

Quel matériel utiliser ?

Pour photographier l’aeschne en plein vol mieux vaut se munir d’un téléobjectif car même si un objectif macro est toujours d’une grande utilité pour les insectes et permet d’obtenir davantage de piqué grâce à sa focale fixe, il vous sera compliqué d’obtenir de la proximité car l’aeschne se déplace vite et sera souvent au dessus de l’eau.

Il sera donc préférable d’opter pour un téléobjectif d’au moins 300 mm, ce qui vous permettra de pouvoir rester à distance de l’odonate sans le déranger et de pouvoir rester fluide et précis dans vos mouvements en gardant un cadrage relativement serré pour plus de qualité.

Pour ma part j’utilise souvent un 400mm ou bien le zoom 150-600mm qui me permet de varier les cadrages et de pouvoir m’adapter à la venue parfois plus proche de la libellule sans que ce soit trop compliqué de faire la mise au point sur le sujet en mouvement.

L’anticipation reste importante et une bonne maitrise de l’AF couplée avec une rafale efficace du boitier peut s’avérer très utile pour ne pas perdre de belles séquences de chasse selon les allées et venues.

Un trépied ou un monopod pourra aussi être bien utile car porter le téléobjectif à bout de bras durant de longues minutes peut être très éprouvant à la longue surtout si votre matériel est lourd.

 

Les astuces de terrain

 

Comment être sûr de pouvoir photographier la libellule ?

 

Immergez-vous dans le monde fascinant de cette petite bête mystérieuse et prenez le temps de la découvrir avec tous vos sens. 1h voir 2h ne seront pas de trop pour réussir de belles images car il est préférable de bien observer son sujet, son comportement, ses mouvements, pour analyser les allées et venues de la libellule et mettre toutes les chances de son côté.

 

Comment être sûr(e) d’avoir une photo nette ?

 

Pensez à une bonne vitesse d’obturation entre 1/1000 et 1/8000 selon la lumière et privilégiez un boitier reflex ou hybride avec une mise au point rapide pour déclencher au moment ou l’aeschne se stabilise en vol stationnaire.

 

Comment cadrer mon image en sachant que je n’ai que très peu de temps ?

 

Le choix et la précision du cadrage sera très complexe dans un premier temps. Il vaudra mieux se concentrer sur la mise au point sans trop serrer son sujet et se préoccuper du recadrage dans un second temps pour dynamiser son image finale.

 

Comment puis je faire pour obtenir des bokehs variés et originaux ?

 

Pour obtenir un fond agréable et bien épuré, privilégiez une profondeur de champ assez courte (grande ouverture du diaphragme) et mettez vous à hauteur de votre sujet. Regardez autour de vous les différentes couleurs et les ombres qui sont présentes. Pensez à vous lever parfois au dessus de l’Aeschne (plongée) pour obtenir en arrière plan l’eau et les reflets.

 

La mise au point n’est pas assez rapide, l’autofocus est trop mou, comment faire ?

Parfois une mise au point manuelle sera à envisager si l’aeschne ne vous laisse pas assez de temps durant son vol stationnaire pour faire la mise au point automatique et déclencher dans la foulée. Pour cela, anticipez bien le parcours de la libellule, fermez un peu le diaphragme si la lumière le permet et assurez-vous d’avoir mis le mode rafale rapide pour vous donner toutes les chances de réussir.

 

Léo Gayola, guide photographe d’Un Oeil Sur La Nature

Un commentaire

  1. Bonjour! Merci pour ces informations. Pour ma part, j’utilise un bridge Sony (RX 10 IV), en mode P, avec une rafale de 24 i/s, ISO 1250-1600 (2000 en basse lumière), vitesse d’obturation 1/15000s. Sur site, j’observe le « fonctionnement » du lieu – comment les libellules se déplacent, quel insecte occupe quel territoire, à quelle distance les insectes s’approchent de moi. Ensuite, je fais la mise au point sur un élément de végétation (arbuste, fleur, etc.) et j’attends qu’une libellule s’approche à la distance voulue pour re-faire le mise au point sur elle et déclencher. J’obtiens d’assez bons résultats avec cette méthode de « mise au point initiale / mise au point finale » que j’utilise depuis 10 ans.
    Cordialement,
    Denis

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